Marchand de couleurs
Souviens-toi de moi, je suis celui qui colorait tes rêves,
Qui t’apportait des vagues de bonheur sur la grève,
Qui distribuait des arcs-en-ciel aux âmes tristes,
Qui transformait les tempêtes en légères brises.
Souviens-toi de moi je suis le marchand de couleurs,
Qui apporte les sourires et distribue les bonheurs,
Qui envoie le soleil réchauffer ton pays froid,
Qui désarme la tristesse pour te remplir de joie.
Moi toujours je t’emmène dans des landes aux parfums sucrés,
À jamais je te guéris de ces grandes plaines rougeoyantes,
Où la fumée des combats reste encore à planer,
Et les braises des feux encore aveuglantes.
Souviens-toi de moi je suis le marchand de couleurs,
Ferme les yeux, je t’emmène loin des tourments,
Je suis celui qui vit au plus profond de ton coeur,
Qui écoute encore les roulements de l’océan.
Rêves polychromes
Ouvrir cette porte mystérieuse emplie d’impatience qui émeut la conscience,
Découvrir ce passage caché qui libère les parfums triomphants de la connaissance,
Humer d’anciens nards errants aux arômes qui enivrent les perceptions lyriques,
Épandre les doux rêves polychromes des tours, jusqu’aux couloirs antiques.
Traverser de longs corridors comme les détroits aux temps incertains fabuleux,
Goûter aux paysages d’or sans âge comme des miroirs aux trésors savoureux,
Percevoir encore les lointaines vagues cristallines bercer l’âme des premiers rois,
Libre dans un monde enchanteur où les grands découvreurs ont ouvert la voie.
Emotions épicées
Les boîtes secrètes, cèdres et citronniers mélangés, embaument le voyage.
Un vent d’Orient s’engouffre entre les ruelles étroites, annonçant l’orage.
Les zelliges ailés, les parterres de pierres fleuries, protègent les terrasses.
Plus loin les néfliers, mandariniers, figuiers enlacent bassins et vasques.
Les émotions épicées, dues aux univers bigarrés des jardins multicolores,
Transportent les sentiments enivrés par toutes ces paroles en paraboles.
Des caravanes gigantesques pénètrent, se guident aux étoiles immaculées.
Des souvenirs épurés s’emmêlent, vierges, comme la fleur des amandiers.
La pointe sacrée
Le soleil des embruns
Légendes
Écoute cette histoire, que l’on raconte le soir, aux enfants de Tamatave,
au fond des cases ou sur la grève.
Par temps clair, au bout de l’avenue de l’Indépendance,
près de la plage, on peut voir ses rêves.
Faut-il venir en pleine nuit, comme les somnambules ?
Ou à la pleine lune dans le froid d’un soir ?
De vieux Malgaches sourient et répondent "Peu importe !
Il faut surtout venir en étant certain de les voir ."
Lointain sud
Le fils du vent
Vent de liberté
Il soufflait dans l’air ce vent de liberté, comme sur la barrière de corail à Foulpointe.
Le teint hâlé, j’étais parti tôt de Tamatave, naviguer au milieu des jacinthes.
Sur la berge des plantes dansaient, agitées par les vents.
À grands coups de pagaie j’avançais, soutenu par mes guides et la force des courants.
Braises orangées
La folle circulation danse comme un long serpent.
Elle s’entoure le long de la muraille aux ocres ardentes.
La lumière rasante du soir fait s’embraser les remparts,
Impassibles, comme de vieux sages.
Je perçois l’écho chaud de la médina qui résonne.
Orange, comme le soleil du soir qui flamboie.
Brûlant, comme le vent qui transporte mes souvenirs.
Rempli de sable antique qui grise mon esprit.
Les sens épicés
L’équilibriste observe la vie trépidante, d’une étonnante course aux étoiles.
D’un monde inondé par de perpétuelles quêtes de stars, de vent dans les voiles.
J’ai déjà entendu murmurer les voix, sans ambages, au plus profond de moi, à la fin de l’été.
Elles avaient le goût sucré d’une pluie chaude, avant l’orage, pieds nus, sur les voies ferrées.
Je sais que mes racines ont plongé sans retenue près de l’arbre de bodhi.
J’ai découvert l’existence un soir d’hiver, comme ceux qui filent à Pondichéry.
Emportant seulement dans ma hotte, les émanations d’un monde aux sens épicés,
Ne pensant à rien d’autre qu’au souffle du vent, j’ai marché sans finalité.
Délicieux lys
Des myriades de lumières graves s’imprègnent.
Les visages aux pensées sauvages sourient.
La mer pousse comme une prairie sans fin,
Où m’apparaissent par-delà les marées épaisses,
Des rêves d’épices.
S’envolent avec les embruns fuyants,
Surfant sur des vagues impromptues,
Au détour d’un soir coloré,
À la crête blanche acérée,
De délicieux lys.
Sigiriya
On n'enferme pas le vent
Autour d'un soleil blanc, des halos, des âmes divaguent et clament des rêves d'ivoire.
Un brouillard dense les enlace, efface de longs soupirs en quête d’espoir.
Les rues bruyantes s’affranchissent des lourds mirages éphémères, aveuglants.
La vie trouve toujours une issue pour se frayer un chemin... On n’enferme pas le vent.
Des falaises pourpres
Des vagues denses
La mer se morcelle, le sable d'or m'égare.
Au fond de mon coeur, des fleurs sauvages.
Sous tes caresses, mes peurs s'effacent.
Reléguer des pensées vagues, s'enlacer.
Sur tes lèvres salées, goûter nos souvenirs.
Rappeler à mon coeur sous le vent, nos désirs.
Fracas de vagues denses, d'écumes blanches.
Dans tes yeux dansent des flammes rougeoyantes.
Hisser la grand-voile
je me souviens
Je veux respirer l'océan.
Je veux que tu m'attendes.
Un cabanon sur la plage
Pour tourner la page.
Je me souviens des bois polis,
Coquillages, joie de vivre...
La brise dans les voilages,
Et moi sans attache.
Je me souviens des écumes,
D'un brouillard épais sur la dune,
Un coeur qui bat sans relâche,
Un soleil opaque.
Je me souviens de nos promesses,
De l'insouciante jeunesse,
D'une errance, d'un vague à l'âme,
D'un orage qui claque.
le silence des baobabs
Sur les ailes du monde, je peins des arcs-en-ciel.
Encore engourdi, mon esprit s'éveille.
Routes solitaires, essences passagères.
Nomade incertain je fuyais mon chagrin.
Les chemins cabossés secouaient mes songes.
Sur les terres mystiques, la lumière des ondes.
Passager du temps, je rencontrais mes chimères.
Des mains imaginaires hissaient l'or des rivières.
Soulever cette terre ocre que personne n'a foulée,
Et voir dans tes yeux des légendes oubliées.
Les matins brumeux, les fleuves se déchaînent.
Le reflet des rizières au lever du soleil.
Libéré, je navigue et te crie mon amour.
Un grain de sable qui roule sur les pistes rouges.
Et le silence des baobabs qui bordent les routes,
Comme un long cri puissant déchirant mes doutes.
Main dans la main
Tu es belle...
Dans tes cheveux, des fleurs tropicales.
On survole les canaux,
On caresse les eaux.
Tu cours dans l'océan,
Dans ses bras forts et puissants.
Ils t'emmènent rouler dans les écumes.
Au loin, renaître.
Main dans la main,
Sans se soucier du temps,
Comme deux amants,
On dévore la vie.
On s'aime à travers les chemins,
À travers nos rêves.
D'Amsterdam à Montréal,
Et de Fès à Tamatave.
Cavern Club
Tes cheveux de sirène, avec la houle,
Des briques humides de Liverpool
M’éloignent des quais de la Mersey,
De tous ces clubs où l’on traînait.
Des stocks de souvenirs, loin des docks,
Et les tempêtes qui craquent ma coque ;
J’avais perdu l’âme vagabonde,
J’avais mis le cap en eaux profondes.
Avalé par la musique, à Cavern Club,
J’ai sorti mon carnet entre deux Buds ;
Tu m’as pris la main dans ta robe d’or,
L’inspiration comme une chasse au trésor.