Vent du large
Au-delà du ponton
Le royaume des poètes
Vagabonde, libère-toi, cueille les fruits sucrés sur toutes les routes du monde !
Sous la lune rousse, possédé par les vents, avance, entends les tambours de la terre en transe.
La nuit, la mer dénouera tes liens, étanchera ton chagrin, mêlera, à tes souvenirs, des mots.
"Il vaut mieux partir seul, te chuchotera-t-elle. La solitude est le royaume des poètes."
Un éclat de corail
Vagabond océanique
Hier, le vent du large a tout balayé.
Il a effacé les traces de mon passage sur le sable humide.
J’ai souri. Mes souvenirs sont invisibles.
Un grain de sable, un coquillage, des lettres d’éternité.
Un souffle millénaire se cache au creux des embruns.
Partir plus loin, aux confins des mers…
Vagabond océanique.
Dans les yeux d'une Hongkongaise
À Hong Kong, tandis que je me baladais dans Central avec des yeux de chimère,
Les lèvres rouges d’une Hongkongaise en minijupe m’électrisèrent.
Je voulais plutôt manger des noodles, boire une bière et puis à Mid Level, jouer au Mah-jong.
Avec elle, il faudra illico que je prenne le large sur le Victoria Harbour à bord d’une jonque !
Foulpointe
Un matin, je suis parti sans me retourner.
J'avais ressenti les premiers frissons du large.
J'étais aussi mûr qu'un fruit trop lourd.
Un jour de plus m'aurait été fatal.
Ma destination finale, c'était une excuse.
J'avais depuis trop longtemps pris la mesure.
Inscrite dans mes gènes en lettres capitales,
Ma seule préoccupation, c'était l'aventure.
Le vent des routes
Sous le crachin, j’avais repris la mer.
J’étais persuadé plus loin, de trouver mon bonheur.
Le vent hurlait, l’écume grise s’envolait.
Éloigné des hommes, à la barre je souriais.
Là-bas, j’entendais le vent, le grondement sourd de l’océan.
Quelquefois, les battements de mon coeur frémissant.
Des oiseaux marins, venus d’îles perdues, passaient près de moi en hurlant.
Hissant haut de fougueux rêves de houles et de brisants.
Rêves de corail
Comme la fleur de sel
Ils entament, parmi les vagues endormies, une danse où se mélangent les couleurs.
Bientôt mangés par la nuit, les pêcheurs, en apesanteur, tapissent la mer de douceur.
Les barques tanguent et s’emmêlent, brillent au couchant, comme la fleur de sel.
Croquant dans la nuit des pensées sauvages, des récifs affleurants, à la mer se mêlent.
À l’aube, accablés par les remous, ils tirent leurs barques à balancier jusqu’aux talus.
À l’abri des palmiers, je vois les palmes se soulever. Rythme lancinant d’un vent décousu.
Sur la plage, on trie la pêche, les premiers rayons lumineux éclairent des yeux lourds.
Plus tard, quelques têtes de poisson traînent, dans l’eau, des gamins sautent et courent.
Bateau S.F.
Je descends quartier des Pêcheurs, des espoirs plein les yeux sur le Cable Car, en face d’Alcatraz à SF.Je dors dans Golden Gate Park près d’Haight Ashbury. Mélange des corps avec d’anciens hippies.
Je finis S.D.F.
Cheveux longs, chemises à fleurs, adepte du Flower Power je milite et je revendique les droits civiques dans Castro. Dans la baie, sous la brume, un voilier nommé Escape s’échappe, passe la porte d’or, et change de cap.